Cette semaine au Musée des Beaux-Arts de Montréal des personnes chanceuses participeront à cet événement national d'envergure. Alors que j'écris ces mots, il n'y a déjà plus de billets de disponible. Toutes les personnes les plus honorées du Canada sont au coeur de cette activité: Son Excellence la très honorable Michaëlle Jean; Nathalie Bondil, directrice générale et conservatrice en chef du MBAM; Jean-Daniel Lafond, cofondateur, coprésident et directeur général de la Fondation Michaëlle Jean; ainsi que plus de 60 ateliers participatifs, conférences, tables rondes et performances artistiques étalés sur trois jours qui rassembleront
quelques centaines de participantes et participants de tous les
horizons, qui viendront partager leurs expériences, leurs meilleures
pratiques, leurs réalisations, leurs façons de mettre à profit le
pouvoir des arts pour créer, inventer, innover, revitaliser leur
environnement, leurs collectivités et engager le changement social.
J'ai soumis un projet à la Fondation Michaëlle Jean et le comité de sélection a généreusement étudié ma proposition. Je voulais défendre les femmes et enfants piégés dans des situations d'abus domestique car c'est cela que j'ai dû vaincre. Mon projet n'a pas été retenu, ce qui ne veut pas dire que son thème ne sera pas adressé puisque le Musée a établi plusieurs programmes pour soutenir l'évolution saine des jeunes Montréalais. Mais je veux profiter de mon blogue pour le partager avec vous néanmoins.
MON PROJET:
Une toile que j'ai réalisée en 2001. Elle représente la fracturation et la douleur qui marquent pour toujours les femmes et enfants qui sont abusés dans l'intimité de leur foyer. Sans Nom © Lena Ghio, 2001 |
Comme plusieurs femmes et enfants, invisibles au regard de la société, qui se font abuser par les mêmes personnes chargées de leur survie, j'ai subi des violences qui m'ont détruite à l'intérieur. Quand on arrive à l'école, on est tout étourdie du coup de poing reçu à la figure ou le coup de pied au ventre. Il n'y a pas d'endroit heureux ni sécurisé. Souvent les jeunes qui nous entourent sont aussi menaçants que les adultes qui nous négligent ou nous battent. J'étais souvent sale, mal habillé avec un oeil au beurre noir ou le corps secrètement couvert d'ecchymoses. Je ne savais pas comment me joindre aux autres enfants pour jouer car je n'avais pas de joie. J'avais toujours de la peine, de la honte, une honte lourde et collante qui m'accablait. J'avais honte d'avoir un corps dont tout le monde se moquait, que mon père frappait avec haine et rage et que ma mère ne trouvait pas adéquat. Elle me voulait longue et mince. Pendant ces années j'étais la seule fille avec trois frères que mon père trimballait partout. Je n'étais pas bienvenue à ces randonnées. Toute ma vie la main qui me bloque la route s'est manifestée même quand j'ai voulu poursuivre mes études, même quand j'ai cherché du travail, même quand je soumets des projets. Ma mère ne voulait pas que je mange et mon père me prenait pour une bonne à tout faire. Il me frappait quand je riais et aussi quand je pleurais. Maintenant, on comprend le syndrome du choc post-traumatique alors que pendant des années je revivais sans cesse ces moments de grande détresse.
Un jour, un de mes dessins a été choisi pour être affiché sur le tableau de liège dans le corridor de l'école! À ce moment, mon monde a changé! Je recevrais encore plusieurs coups de poing au visage, coup de pied au ventre, insulte sur la forme de mon corps, et mépris de mes pairs mais, maintenant, j'avais l'art. Comme une petite flamme seule au fond du plus sombre caveau l'art venait d'allumer mon esprit. Je venais de comprendre que nous avions en nous une force de création qui dépassait le quotidien, le connu. C'est cela dont je veux parler à ceux qui peuvent se sentir dans une situation impossible, insupportable et qui semble insurmontable. Vous avez en vous la possibilité de recréer votre vie et vous libérer.
Quand j'entends des histoires de femmes et d'enfants battus dans leur foyer, et plusieurs sont maltraités de façon beaucoup plus sauvage que moi, je vis toutes les émotions! Cela me bouleverse plus que je ne puis exprimer. Les programmes comme ceux dévoiler au FORUM LE POUVOIR DES ARTS sont mieux nantis que moi pour vous assister avec le côté Yang du processus thérapeutique de l'art: ateliers, professeurs, lieux de rencontres, d'expositions et de dialogue, tout pour créer la paix au niveau social; alors que moi je ne peux que vous parler du côté Yin: comment l'art nous fait transcender les moments de stress intense, permet de connecter avec des ressources intérieures profondes, comment l'art affecte même les vibrations de votre entourage et crée la paix intérieure.
Ma pratique artistique récente, Emerge Art, est totalement Yin. Pour réaliser une oeuvre avec la capacité mystérieuse de faire des images que possède l'eau, il faut s'abandonner totalement, accepter ce que fera l'eau et être là pour le saisir. Dans l'Emerge Art plus bas on voit comment la réceptivité de l'eau procède à la création. Le bol d'eau est entouré d'OMIs, Objects of Mystical Importance, qui ont comme thématique la richesse dans tous ses sens. Le vieillard devant le bol d'eau est un sage qui contemple une vie bien remplie alors que l'eau forme une colombe blanche à l'intérieur du bol qui semble être peinte dans le même style que j'ai employé pour peindre ces OMIs. Qui que vous soyez, vous entourez d'oeuvres d'art ou de beaux catalogues sur le travail de vos artistes favoris peuvent être un premier pas vers la re-création de votre santé et votre vie, c'est prouvé. Nous sommes tellement chanceux à Montréal d'avoir beaucoup de bibliothèques où vous pourrez emprunter des livres spectaculaires gratuitement ainsi que des livres sur comment faire l'art qui vous passionne le plus: dessin, sculpture, photographie, musique, danse. Et que dire de tous nos musées! où vous pourrez lâcher prise et vous ressourcez l'esprit!
SOYEZ BRAVE!
-LENA GHIO
Le Sage © Lena Ghio, 2013 |
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