Sunday, March 23, 2025

FIFA 43 en ligne • du 21 mars au 30 mars 2025 • P. 2

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Welcome to Babel


"Welcome to Babylon" est un film profondément humain et visuellement saisissant, une exploration poignante de l'impact de la Chine de Mao sur la vie de deux artistes chinois émigrés en Australie. James Bradley nous plonge dans l’univers complexe de Jiawei Shen et de sa femme Lan Wang, deux figures artistiques exceptionnelles marquées par la Révolution culturelle et l'ère du communisme. À travers le prisme de leur relation et de la création de l’œuvre monumentale "Welcome to Babylon", le film devient une réflexion intime sur le pouvoir de l’art face à l’oppression et au traumatisme historique.

Ce qui frappe dès le début, c'est la manière dont Bradley met en lumière la résistance silencieuse de Jiawei et Lan, deux artistes dont le passé chinois demeure une ombre indélébile, même dans leur nouvelle vie en Australie. La scène des adolescents envoyés dans des contrées arides, forcés de travailler la terre, est d’une puissance visuelle marquante. On y voit la cruauté d’un régime qui transforme des vies entières en matières premières pour sa vision utopique, tandis que l’atrocité des exécutions publiques, comme celle de la place Tiananmen, résonne à travers le film. Cette mise en scène tragique n’est pas juste un portrait d’un passé lointain, mais une invitation à comprendre la brutalité du communisme au XXe siècle, une époque marquée par des dérives idéologiques aux conséquences dévastatrices.

L’ambition de Jiawei Shen de créer une peinture de 130 mètres carrés retraçant l’histoire du communisme est, au-delà de son aspect artistique, un acte de mémoire et de rédemption. Mais l’équilibre entre l’obsession de l’artiste et le soutien indéfectible de Lan, son épouse, est ce qui donne au film sa profondeur émotionnelle. Bradley filme cette quête avec une sensibilité rare, alternant entre humour surréaliste et moments de pure émotion.

Le film se distingue par sa narration plurielle, son montage intelligent, et une photographie d’une beauté glacée, magnifiquement orchestrée par Peter Coleman. La bande originale de Caitlin Yeo vient parfaire cette atmosphère, amplifiant le poids historique et la tension émotionnelle. "Welcome to Babylon" est une œuvre rare qui réussit à conjuguer histoire, art et drame intime, offrant au spectateur une expérience cinématographique inoubliable.

David Lynch, une énigme à Hollywood


Dans l'ombre des néons crépusculaires, là où le rêve se confond avec la réalité, l'œuvre de David Lynch se révèle comme une sphère mystérieuse et insondable, une invitation constante à la dérive. Stéphane Ghez, en fin connaisseur, s'aventure dans l'univers labyrinthique de ce maître du cinéma, et son documentaire devient une clé, sans jamais prétendre déverrouiller tout le mystère.

David Lynch, visionnaire sans compromis, a forgé une œuvre qui résiste à toute tentative d'analyse facile. De Eraserhead, où l'inconscient explose à la surface du réel, à Twin Peaks, cette série énigmatique qui redéfinit la frontière entre le quotidien et l'imaginaire, il a tracé un sillon audacieux à travers les abîmes de l'âme humaine. Le 21 janvier 2025, il s'éteint, laissant derrière lui une empreinte indélébile dans la culture cinématographique, comme un fantôme errant dans les ruelles de notre inconscient collectif.

À travers ce portrait fascinant, Ghez scrute l'œuvre lynchienne avec une précision presque clinique. Il décode, mais n'explique jamais complètement. Chaque image, chaque silence, chaque frémissement dans l'œuvre de Lynch semble une invitation à s’aventurer plus loin dans cette jungle de rêves déformés et de réalités fragmentées. Mulholland Drive, ce chef-d'œuvre du XXIe siècle, incarne à lui seul cette quête sans fin de sens, où l’illusion devient vérité, et la vérité, illusion.

Lynch n’offre pas des réponses mais des fragments de réflexion, des éclats d’une réalité défigurée. Ghez n’offre pas une analyse, mais une immersion. Il nous plonge dans cet océan de mystère, là où chaque vague nous pousse un peu plus loin, sans jamais parvenir à nous rendre le rivage.

LENA GHIO   

Friday, March 21, 2025

FIFA 43 en ligne • du 21 mars au 30 mars 2025 • P.1

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Boys! Boys! Boys!



Si, comme moi, la vie vous a éloigné des projections en salle, réjouissons-nous : la plateforme en ligne du FIFA 43 est désormais accessible!

Dès que j'ai consulté le programme, j'ai été ébloui par la richesse des choix proposés. J'ai commencé mes visionnements avec le cout métrage Boys! Boys! Boys! de la réalisatrice autrichienne Dina Yanni.

On redécouvre le charme irrésistible d'Elvis Presley, qui a envoûté de nombreuses femmes et séduit tout autant d'hommes. Bien que ce ne fût pas explicitement exprimé, il était de notoriété publique que, avant la légalisation de l'homosexualité, de nombreux films dissimulaient des clins d'œil à une communauté qui vivait alors dans l'ombre. La communauté gay, vivant en marge, savait cependant reconnaître ces indices discrets d'Hollywood.

Le film offre des coupures de films captivantes.

Mon clip favori de la carrière d'Elvis Presley, Jailhouse Rock. Repérez le clin d'oeil!



The Sense of Tuning

La photo que j'ai prise de l'architecte Bijoy Jain
au CCA en 2014

The Sense of Tuning, un film d'Ila Bêka et Louise Lemoine, est un portrait vibratoire de l'architecte Bijoy Jain, qui transcende les frontières de la simple observation pour devenir une expérience immersive. À travers ce film, nous plongeons dans l'âme de Mumbai, une ville palpitante où l'énergie du chaos et la sérénité des rituels se rencontrent, offrant un terreau fertile à la créativité de Bijoy Jain.

Né en Inde, Jain utilise l'architecture pour tisser des liens intimes entre l'homme, la nature et l'espace. Il transforme des lieux confinés en havres de chaleur et de vie, où chaque matériau, chaque geste, est imprégné de sens. Le film nous invite dans les coulisses de son studio, où les artisans travaillent dans une harmonie silencieuse, et nous plonge dans des entrepôts de bois et de métal, témoins de l'alchimie créative de Studio Mumbai. Là, l'architecture devient une danse subtile entre l'esprit et la matière.

Bêka et Lemoine, par leur approche sensorielle, nous montrent comment Jain puise dans les ressources de Mumbai – son bruit, son rythme, son eau qui unit les citoyens – pour nourrir ses projets. Ce film est un hommage à une vision de l'architecture comme une rencontre avec l'essence même de l'environnement. Loin d'une représentation idéalisée, The Sense of Tuning capte la vérité de l'instant présent, où l'architecture se fait sensation, et où l’intuition devient le langage d’un geste créatif unique.

Ce portrait de Bijoy Jain est un témoignage poignant de la puissance de l'architecture en tant que dialogue entre l'homme, la nature et la ville, révélant ainsi une sensibilité qui touche l'essence même de l’espace et de la vie.

L'exposition dont il est sujet dans le film: Bijoy Jain / Studio Mumbai Breath of an Architect

 LENA GHIO