Saturday, April 12, 2025

Le Fil, de Daniel Auteuil : la vérité suspendue à un souffle

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Dans Le Fil, Daniel Auteuil tisse une œuvre sobre et puissante, où le silence devient parfois plus éloquent qu’un plaidoyer. À la fois coscénariste, réalisateur et acteur, il signe un film de procès d’une justesse rare, qui ne cherche ni l’éclat ni la révolution du genre, mais qui laisse une empreinte durable, comme une voix qui résonne longtemps après le verdict.

Inspiré d’un fait réel raconté par l’avocat Jean-Yves MoyartLe Fil suit Maître Jean Monier, avocat revenu malgré lui aux assises, pour défendre un homme dont l’innocence semble aussi incertaine que son attitude est déroutante. Incarné par un Grégory Gadebois tout en intériorité, Nicolas Milik est un accusé qu’on aimerait secouer, tant sa naïveté frise parfois l’inconscience. Et pourtant, c’est justement cette ambivalence – ni coupable évident, ni innocent crédible – qui donne au film sa tension magnétique.

La mise en scène d’Auteuil, millimétrée sans être figée, capte l’essence même du doute. Les allers-retours entre passé et présent dessinent un puzzle lent, mais fascinant, où chaque pièce – témoignage, regard, hésitation – compte. La France des petites villes y est dépeinte avec tendresse et lucidité, dévoilant les violences invisibles du quotidien, celles qui gangrènent sans faire de bruit.

Solaire dans ses instants d’humour subtil, sombre dans sa quête de vérité, Le Fil nous confronte à notre intime conviction. Peut-on défendre l’indéfendable ? Faut-il croire ceux qui ne savent pas se défendre eux-mêmes ? Le film ne tranche pas. Il tend simplement le fil. À nous de le suivre, ou non.

LENA GHIO   

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