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P.249 © 2014 Lena Ghio/ le livre/the book: Extrême: L'Esthétique des limites dépassées/Paul Ardenne
la photo/the photo Valie Export performance Action Pants: Genital Panic, 1969 |
EMERGE ART
APRIL 21 2014 to May 4 2014
21 AVRIL 2014 au 4 Mai 2014
@
514 Édifice
BELGO Building
372 Sainte-Catherine Ouest, Montréal
Emerge Art Genesis/ Genèse :
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ENGLISH BELOW
À la mi-décembre, dans mes nouvelles
Facebook, j’apprends que le livre de PAUL ARDENNE EXTRÊME : L’ESTHÉTIQUE DES LIMITES DÉPASSÉES sera inclue dans la troisième édition Le livre de ma vie
présentée par Payot. J’avais déjà vu ce titre par Paul Ardenne, mais il me
faisait peur. Je n’avais pas le goût de plonger dans la violence et la
décadence de l’image contemporaine. Mais le temps était arrivé où je devais
confronter l’ombre de ma psyché dans ses profondeurs absolues. Ce livre me
permettait de le faire en quasi-sécurité. Je ne pouvais contredire aucun
élément monstrueux regardé objectivement par l’auteur. Le livre est dur, sans
recul, sans merci, et analyse tout en détail. Le pire fait du sujet observé
dans le texte; la violence et la dégradation de l’humain sous toutes ses
formes; est qu’il s’est magnifié avec par exemple le viol de jeunes filles par
des groupes de jeunes hommes qui en font des vidéos à publier sur les sites
sociaux.
J’ai fait l’expérience de réaliser un
EMERGE ART avec comme toile de fond le livre ouvert Extrême : L’esthétique
des limites dépassées. Les résultats sont captivants. Je vous présente ici P.
249, 2014.
Un livre ouvert et un bol d’eau sont les
objets tangibles de la photo intitulée P.249 qui est aussi un Emerge Art. La
photo de gauche est celle de l’artiste Autrichienne VALIE EXPORT dans sa
performance dramatique Action Pants : Genital Panic, 1969. Son intention
était de dénoncer l’objectification des femmes dans les films pornographiques.
Son exploit stupéfiant était d’entrer dans un cinéma de film X armée d’une
mitraillette, portant des pantalons sans fourche, pour confronter les hommes
voyeuristes dans leur rituel de consommation du film cochon et sa suite
autoérotique.
Elle demandait aux spectateurs de regarder
son vagin pour qu’ils puissent en voir un vrai. Plusieurs hommes se sont
poussés en courant.
L’Emerge Art est une image qui se soulève
dans un bol d’eau. Un phénomène inexpliqué à ce point, l’Emerge Art présenté
plus haut reflète le message que veut transmettre Valie Export.
Il y a trois scénarios principaux dans
l’eau. À gauche, dans l’ombre, un motif à croisillons qui forme plusieurs
visages aboutit au centre comme un visage masculin ombragé mais très visible.
L’homme est dans la noirceur, captivé par la vue d’un éphémère torse féminin à
la droite. Sa contenance est émaciée avec de minces lèvres tournées vers le bas
et des joues creuses. Il a l’air malade, ce dont veut nous faire part Valie
Export avec sa performance.
Le torse à droite est jeune et bien formé
avec des seins voluptueux, une taille fine et un abdomen ferme. Les ombres sur
le torse semblent suggérées l’action du déshabillage. Il n’y a pas de tête, pas
de bras, pas de mains et pas de jambes. Une autre réflexion qui agace Valie
Export : les hommes obsédés par le porno font abstraction du visage
féminin pour ne pas être distrait du rôle qu’elle joue dans ce contexte, celui
d’être une machine sexuelle, dont on se sert et que l’on consume sans empathie
ni souci, le raisonnement étant, qu’après tout, elle est payée pour sa
dégradation publique.
Au centre du bol d’eau, une petite
silhouette d’une femme bien proportionnée, avec des bras et des jambes, se
tient dans une portion illuminée de la rue évoquant la fille de rue mais aussi
Valie Export qui arrive au cinéma de film X avec sa mitraillette.
Le contenu de P.249 est un puissant modèle
du Yin Yang. Le livre, les écrits et la photo de la performance de Valie Export
forment la portion dominante Yang de l’œuvre, masculine et ardente,
indéniablement réelle. Le bol d’eau est la portion Yin, féminine et réceptive,
inconcevable. Tel l’utérus, l’eau à l’intérieur du bol est inséminé et produit
des images qui reflètent le sujet décrit par l’objet Yang.
P.249 est conflictuel pour l’intellect.
Est-ce que le sujet de la pièce est la condition féminine? Est-ce
l’interminable bataille des sexes? Ou est-ce le phénomène inconcevable de l’eau
qui exprime la cognition?
P.249 nous captive par la qualité hypnotique de l’eau. Le cerveau a
tendance à vouloir arriver à un
accord avec la possibilité irrationnelle que c’est l’eau qui forme l’image à
l’intérieur du bol. Ceci nous fait regarder de plus proche ce qui se passe là,
et nous fait regarder encore.
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P.249 détail |
ENGLISH
An open book and a bowl of water
are the tangible objects of the photograph entitle P. 249, also an Emerge Art.
The book is Extrême: Esthétiques
de la limite dépassée written by French art critic Paul Ardenne. On the left
page is a photo of Austrian artist Valie Export in her unforgettable
performance Action Pants: Genital Panic, 1969. Her intention was to decry the
objectification of women in pornographic movies. Her stunning exploit was to
walk into a triple X movie theatre armed with a machine gun, wearing a pair of
pants cut open at the crotch to confront voyeuristic men deep in their
ritualized consumption of porn with subsequent self-pleasuring.
She asked some of the patrons to
look at her exposed vagina so they could see what a real one looked like. Many
men ran away from her.
The Emerge Art is the image rising
up in the bowl of water. An unexplained phenomenon at this point, the Emerge
Art presented above clearly reflects Valie Export’s message.
There are three main scenarios in
the water. On the left, in the shade, a crisscross motif that shapes many faces
culminates in the center as one shadowy but clearly visible male face. The man
is in the dark, riveted by an ephemeral female torso on the right. His
countenance is gaunt with thin down turned lips and sunken cheeks. He looks
sick which is what Valie Export is intimating at with her performance.
The torso on the right is youthful
and well formed with firm full breasts, a slender waist and a firm abdomen.
Shaded areas on the torso suggest the motion of undressing. There is no face,
no arms, no hands and no legs. Another reflection of what bothers Valie Export:
men obsessed with porn abstract the female face so as not to be distracted from
the role she is given in this context, that of being a sexual machine, to be
used and consumed without empathy or concern, the reasoning being that, after
all, she is getting paid for this public debasement.
In the center, of the bowl of
water, a tiny silhouette of a shapely woman, with arms and legs, stands in a
lighted portion of a city street evoking the streetwalker and also Valie Export
as she arrives to the triple X cinema with her machine gun.
The content of P. 249 is a
powerful Yin Yang motif. The book, the words and the photograph of Valie
Export’s performance form the dominant Yang portion, masculine and fiery,
undeniably real. The bowl of water is the Yin portion, feminine and receptive,
inconceivable. Like a womb the water inside the bowl is inseminated and
produces images that mirror the subject matter of the Yang object.
P. 249 is conflicting to the
intellect. Is the feminine condition the subject of the piece? Is it the
endless battles of the sexes? Or is it the inconceivable phenomenon of water
expressing cognition?
P. 249 takes us in because of the mesmerizing quality of water. The
brain has a tendency to attempt to come to terms with the incongruent
possibility that water is forming the images inside the bowl. This makes us
look closer at what is happening there, and then look again.
-LENA GHIO