ENGLISH translation app left
Le surréalisme, né des cendres du Dadaïsme et nourri des théories freudiennes, s’affirme dans l’entre-deux-guerres comme une quête effrénée de l’inconscient. Héritier du chaos de 1914-1918, il rejette frontalement la logique bourgeoise et les carcans rationnels. Sous l’impulsion d’André Breton, qui publie en 1924 le Manifeste du surréalisme, le mouvement se veut libération psychique et artistique. Les rêves, l’absurde, l’automatisme deviennent les armes d’une subversion poétique. Peintres, écrivains, cinéastes s’y engagent avec ferveur, transcendant les disciplines pour mieux bousculer le réel. Le surréalisme, ainsi, se fait miroir brisé d’un monde en crise, et chantre visionnaire de l’imaginaire sans frontières.
 |
| Alan Glass dans son atelier de la rue Tabasco,
à Mexico, en 2006. Photo Daniel de Laborde |
Le dialogue entre le surréalisme européen et les cultures mexicaines marque l’un des chapitres les plus féconds de l’histoire de l’art moderne. Fascinés par le syncrétisme mexicain, les surréalistes y découvrent un imaginaire où l’inconscient s’exprime sans censure, à travers mythes, rituels et visions. Le "rêve mexicain", comme le nommera Breton, devient un catalyseur artistique. Frida Kahlo, bien que réticente à l’étiquette, incarne ce lien par ses œuvres viscérales, tandis que Leonora Carrington y forge une mythologie personnelle, nourrie de symboles préhispaniques. Le Mexique, creuset de révolutions et de spiritualité, devient ainsi une terre d’élection pour un surréalisme réinventé.
Artiste inclassable et alchimiste du quotidien, Alan Glass (1932–2023) transfigure objets trouvés et images sacrées en mondes miniatures d’une poésie fulgurante. Élève d’
Alfred Pellan, il séjourne ensuite en Europe où il côtoie les figures du surréalisme, avant d’ancrer son œuvre au Mexique.
Mondes et merveilles, première rétrospective canadienne consacrée à ce Montréalais de naissance et Mexicain d’adoption, révèle l’éclat onirique d’une œuvre nourrie par le surréalisme, la mémoire et l’émerveillement.
Dès l’ouverture de l’exposition, les dessins au stylo bille témoignent de l’empreinte de l’automatisme, cher à Borduas, contemporain d’Alan Glass. Dans ces tracés fins et minutieux, déjà, affleure une sensibilité singulière où l’on devine l’éveil d’un imaginaire surréaliste. Une salle entière consacrée aux Déesses dévoile une série d’œuvres aux teintes pâles et évanescentes, empreintes d’un symbolisme subtil. Ici, la peinture devient un vecteur d’élévation, nourrie des doctrines ésotériques et d’une quête de lumière intérieure. À mesure que l’on avance, l’exposition devient un parcours initiatique. Les célèbres boîtes de Glass, véritables microcosmes oniriques, parlent un langage muet mais universel. Objets sacrés ou banals, collectés au fil du temps, y forment des assemblages mystérieux, presque magiques. Chaque pièce semble vibrer, chargée d’une aura spirituelle. Plus qu’un simple hommage, Mondes et merveilles révèle un artiste chamane, guidé par l’émerveillement et la recherche d’une vérité enfouie dans les plis du réel.
VIDÉOS :
CRÉDITS Une exposition organisée par le Museo del Palacio de Bellas Artes, Mexico, en collaboration avec le Musée des beaux-arts de Montréal.
COMMISSARIAT Le commissariat est assuré par Abigail Susik et Kristoffer Noheden, commissaires invités, Xavier de la Riva, ancien conservateur en chef du Museo del Palacio de Bellas Artes, Mexico, Joshua Sánchez, conservateur en chef du Museo del Palacio de Bellas Artes, et Elisabeth Otto, conservatrice adjointe de l'art québécois et canadien, MBAM.
PUBLICATION L'exposition est accompagnée d'une publication publiée par les Éditions scientifiques du MBAM. Vendu en exclusivité à la Boutique-Librairie du Musée, cet ouvrage illustré en édition bilingue (français et anglais) réunit des essais signés Kristoffer Noheden, Elisabeth Otto, Xavier de la Riva, Joshua Sánchez et Abigail Susik, qui permettent d'en apprendre davantage sur l'œuvre et le lieu de création de cet artiste considéré comme l'un des derniers ambassadeurs du mouvement surréaliste.
LENA GHIO
 |
| Alan Glass (1932-2023), Sans titre, 1968. MBAM,
don de Guy Fournier. © Succession Alan Glass, 2025.
Photo MBAM, Jean-François Brière |
No comments:
Post a Comment