Monday, June 30, 2025

LUMIÈRES DÉFERLANTES de Marie-Claire Blais • Musée des Beaux Arts de Montréal jusqu'au 4 janvier 2025

Marie-Claire Blais

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Lumières déferlantes, une œuvre en suspension entre matière et souffle

Au Musée des beaux-arts de Montréal, l’exposition Lumières déferlantes de Marie-Claire Blais propose une expérience sensorielle aussi enveloppante que radicalement douce. Dans un monde saturé de stimuli visuels et de récits oppressants, l’artiste montréalaise, formée en architecture, érige un sanctuaire de calme et de lumière. Son œuvre la plus ambitieuse à ce jour — une installation monumentale composée de 22 panneaux suspendus — fait battre le cœur du musée au rythme lent d’une vague qui, plutôt que de heurter, caresse l’espace.



En s’arrachant littéralement au mur, la peinture de Blais devient volume. La toile de jute, matière brute et poreuse, recouverte de pigments appliqués en larges gestes circulaires, flotte dans les airs comme une peau vivante. Ces surfaces à deux faces, que le public est invité à contourner, voire à traverser visuellement, imposent une physicalité rare en peinture contemporaine. Elles ne sont plus seulement vues, elles sont traversées du regard et de l’écoute. Car une œuvre sonore — discrète, mais essentielle — rythme l’installation comme un souffle intermittent. Ce sont les sons de l’atelier, du pinceau frottant la toile, du corps en mouvement. L’œuvre respire.


Autour de cette installation centrale, des peintures murales plissées déclinent un langage formel qui évoque tour à tour les ondulations d’un paysage ou la verticalité affirmée d’un corps. L’irrégularité de leur accrochage crée une cadence presque chorégraphique dans la salle. Les plis, motifs récurrents dans le travail de Blais, deviennent des lignes de force du mouvement : ils parlent du geste, du passage du temps, et de cette mémoire du corps que l’artiste transpose dans la matière.


« Je cherche à libérer la toile », dit Blais. Et c’est exactement ce qu’elle accomplit ici. Elle ne se contente pas d’accrocher des œuvres, elle construit un espace d’interaction, presque de rituel. Le spectateur est invité à déambuler, à s’ouvrir à la lenteur, à l’émotion diffuse. Les teintes pastel, jamais fades, établissent une atmosphère feutrée, propice à la contemplation. Rien n’est crié, tout est chuchoté avec conviction.



La commissaire Anne-Marie St-Jean Aubre évoque à juste titre « l’expérience quotidienne du lever et du coucher du soleil ». L’exposition ne donne pas à voir un moment spectaculaire, mais une durée, une présence — ce que le philosophe Maurice Merleau-Ponty aurait peut-être nommé « l’épaisseur du monde ». Blais réussit à peindre ce que l’on ne peut pas voir : l’air entre les choses, le lien sensible entre l’œuvre et celui qui la regarde.

Lumières déferlantes n’est pas une exposition à visiter : c’est un espace à habiter, une œuvre à éprouver dans le silence et le mouvement. Elle confirme Marie-Claire Blais comme une figure essentielle de l’art contemporain canadien, capable de repousser les limites de la peinture sans jamais en trahir l’essence.

INFOS

LENA GHIO   

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Photos © LENA GHIO, 2025


Saturday, June 28, 2025

Chicago : jazz, crime, pouvoir, glamour. Le show électrise Montréal!

À l'Espace Saint Denis jusqu'au 27 juillet 2025
 

Chicago : un crime, un jazz, une rédemption

Il existe des soirs où l’on se rappelle pourquoi le théâtre musical reste, après tant de siècles, l’art total. Des soirs où la scène s’embrase d’une telle intensité qu’elle fait vaciller nos certitudes. La première de Chicago à l’Espace St-Denis fut de ceux-là. C’était une plongée dans le mythe américain, un miroir cruel et scintillant tendu à nos désirs les plus troubles.

Photo: Marie-Andrée Lemire

Depuis sa création en 1975, ce chef-d’œuvre signé John Kander, Fred Ebb et Bob Fosse n’a rien perdu de sa verve sulfureuse. Chicago n’est pas qu’une comédie musicale : c’est une charge contre l’hypocrisie sociale, un hommage au spectacle comme arme de rédemption et un requiem ironique pour l’innocence perdue. Si la production québécoise 2025 ne réinvente pas la formule – pourquoi le ferait-elle ? –, elle l’exécute avec une précision chirurgicale et une fougue quasi insolente.

Au centre, Véronic DiCaire reprend le rôle de Roxie Hart qu’elle avait inauguré en 2003. Elle incarne à la perfection cette anti-héroïne, mélange de Marilyn et de Medusa, dont l’ambition cannibalise la morale. Sa voix limpide, son registre expressif large, son sens du timing comique confirment qu’elle n’est pas qu’une imitatrice prodige, mais une véritable tragédienne de music-hall. Face à elle, Terra Ciccotosto MacLeod est une Velma Kelly impériale. Son numéro « J’peux pas faire ça toute seule » coupe le souffle. Elle danse avec un contrôle absolu, chaque battement de hanche semblant faire trembler le décor, chaque haussement d’épaule insufflant une fierté féline à la scène. MacLeod fait partie de ces rares artistes dont la présence seule élève la production au rang d’événement.

À leurs côtés, Michaël Girard incarne un Billy Flynn aussi séduisant qu’agaçant, véritable prêtresse du droit spectacle, tandis que Neev livre un Amos Hart doux et presque trop transparent – peut-être un parti pris dramaturgique, mais qui laisse parfois le numéro « Monsieur Cellophane » dans un flou émotionnel. Mélissa Bédard, elle, marque ses premiers pas sur scène en Mama Morton avec une puissance vocale à faire vibrer l’ossature du théâtre, même si son jeu dramatique gagnerait en nuance dans les scènes de négociation.


Photo: Marie-Andrée Lemire

Mais Chicago est avant tout un ballet collectif. Cette production brille grâce aux 15 interprètes qui épousent la chorégraphie millimétrée de Bob Fosse, supervisée avec brio par Maud Saint-Germain. Les corps deviennent langage, révolte, confession. C’est un festival de jambes infinies, de regards assassins, de sourires carnassiers. Chaque mouvement illustre la philosophie Fosse : le sexe comme spectacle, le spectacle comme pouvoir. La mise en scène de Benoit Landry respecte la convention minimaliste de Walter Robbie. L’estrade centrale devient à la fois cage, tribunal, temple du jazz. Les musiciens de David Terriault occupent cet autel sonore avec la même ferveur qu’un big band de Chicago dans les années 20. Quand l’orchestre rugit All That Jazz, on croirait sentir l’odeur de la fumée, du gin de contrebande et de la sueur dans la salle.

Il faut dire que la traduction de Manuel Tadros reste un modèle du genre. À l’heure où tant de versions québécoises versent dans l’adaptation facile ou le calque maladroit, Tadros a su préserver la verve, l’humour noir et la poésie urbaine des textes originaux. Les dialogues fusent, les punchlines claquent, le français conserve l’attaque syncopée du jazz et la dérision corrosive du cabaret new-yorkais.

Mais au-delà de ses numéros iconiques – Cell Block TangoRazzle DazzleOn s’est jetés sur le gun – Chicago frappe par sa pertinence éternelle. Dans une Amérique où la corruption, le vedettariat judiciaire et la manipulation des masses n’ont jamais été aussi normalisés, ce spectacle agit comme un scalpel. Il nous rappelle que le crime paie, tant qu’il est bien marketé. Que la vérité n’a pas d’importance face à la gloire. Que la justice est un jeu de marionnettes. Roxie et Velma sont des monstres sympathiques : elles exploitent un système corrompu qui les écrasait, révélant la logique implacable du capitalisme moral. La morale est absente, seul le show subsiste.

Bob Fosse, lui, avait compris avant tout le monde que la sensualité pouvait être une arme politique. Ses chorégraphies créent un langage corporel où le désir, la menace et l’ironie coexistent dans chaque articulation. Cette production honore sa vision sans la trahir, rendant hommage à la fois à l’homme et au mythe.

On pourra reprocher à cette reprise un certain manque d’audace scénographique : on sent parfois que l’équipe, prisonnière de l’obligation de fidélité, n’ose pas injecter la créativité proprement québécoise qui pourrait en renouveler la lecture. Mais cette réserve s’efface devant l’exécution parfaite, l’énergie foudroyante et la jubilation collective qui transpirent de chaque note.

Photo: Marie-Andrée Lemire

Dans un monde saturé de contenus jetables, Chicago rappelle ce qu’est le grand art populaire : un spectacle qui divertit, qui éblouit et qui dérange. À la fin, alors que le public, debout, rugissait son admiration, je me suis surpris à penser que nous vivons tous à Chicago. Un peu voleurs, un peu vendeurs, un peu coupables, toujours fascinés par la gloire. Mais si c’est cela la condition humaine, alors autant la chanter avec un boa à plumes et un chapeau melon.

Chicago est présenté à Montréal jusqu’au 27 juillet avant de poursuivre sa tournée au Québec et en Outaouais. Il serait criminel de manquer ce bijou du répertoire musical, surtout lorsque ses interprètes, ses musiciens et ses chorégraphes québécois en font un manifeste de beauté et de pouvoir. Reste à savoir si nous avons vraiment changé depuis 1924. À en juger par l’ovation de la salle, il semble que le crime – et la musique – paient encore très bien.

LENA GHIO   

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Saturday, June 21, 2025

Les barbares de Julie Delpy au cinéma maintenant

Bande Annonce

Avec Les barbares, Julie Delpy signe une fable lumineuse et acérée sur la peur de l’Autre, dans une France rurale aussi idyllique qu’inquiète. Installée dans la commune verdoyante de Paimpont, en Bretagne, l’action débute sur une note presque bucolique : une population se mobilise pour accueillir une famille de réfugiés ukrainiens. Mais le film bifurque dès que l’on apprend que ce ne seront pas des Ukrainiens, mais des Syriens. Ce simple glissement sémantique agit comme un révélateur : les préjugés affleurent, les tensions se cristallisent, et l’hospitalité se fait conditionnelle.

La mise en scène, fluide et chaleureuse, baigne dans une lumière dorée, quasi liquide, qui enveloppe les personnages comme un flot apaisant – un contrepoint visuel à la sécheresse des discours et à la dureté des regards. Delpy a le don de faire cohabiter la tendresse et la satire, le grotesque et le tragique, en tissant une comédie dramatique qui marche sur la crête du réel. On rit souvent, parfois jaune, toujours avec une gêne salutaire.

Julie Delpy incarne Joëlle, institutrice infatigable, figure d’une humanité solaire, presque utopique. Inspirée d’une proche dans la vraie vie, Joëlle est de ces femmes qui veulent "sauver le monde même si c’est impossible", comme le dit la réalisatrice elle-même. Son positivisme quasi absurde, porté sans cynisme, est l’âme du film. Face à elle, Laurent Lafitte campe Hervé, le plombier du coin, figure frustre d’un repli identitaire nourri de ressentiment, mais jamais totalement déshumanisé. Delpy évite le piège du manichéisme en lui refusant le statut de pur salaud : son rejet de l’étranger est certes dérangeant, mais compréhensible dans sa peur mal formulée.

Le film doit beaucoup à ses seconds rôles – Sandrine Kiberlain, hilarante en Anne, amie paumée et alcoolisée ; India Hair, bouleversante en épouse tiraillée entre devoir conjugal et conscience naissante. Mais ce sont les interprètes de la famille syrienne, d’une justesse sobre et poignante, qui ancrent Les barbares dans le réel. La cinéaste révèle d’ailleurs les difficultés du casting : entre craintes sécuritaires et protection des identités, certains comédiens n’ont pas voulu être nommés. Ce respect discret des trajectoires personnelles s’imprime dans le film comme une pudeur nécessaire.

La satire n’épargne personne, mais elle ne cherche jamais à humilier. Delpy revendique une certaine exagération — après tout, « c’est de la comédie », dit-elle — mais l’humour n’y est jamais gratuit. Il découle d’une observation fine, nourrie d’enquêtes, de témoignages, d’immersion dans la matière vivante de la société française contemporaine.

Les barbares est un film qui divise pour mieux réunir. Il pousse, dérange, attendrit, mais surtout, il croit. En l’école, en la jeunesse, en la possibilité de réconciliation. Il ne prétend pas panser les plaies de l’Europe, mais il a le mérite de les nommer avec grâce. Et c’est déjà beaucoup.

LENA GHIO   

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Wednesday, June 11, 2025

L’honneur en héritage : une célébration de la culture vivante au Québec / Ordre des arts et des lettres 2025 : 10 Compagnes et Compagnons honorés

De gauche à droite : Marie-Andrée Chouinard (rédactrice en chef du journal Le Devoir), Michel Levasseur, Louis-Karl Picard-Sioui, Lorraine Desmarais, Jacques Fournier, Mireille Métellus, Daniel Bélanger, Sophie Fouron (animatrice de la soirée), Marie-Christine Cojocaru (directrice générale de la Caisse Desjardins de la Culture), Sophie Prégent (présidente du CA du CALQ), Véronique Fontaine (PDG du CALQ), Manuel Mathieu, Victor Quijada, D. Kimm et Diane Landry.
© Louis-Charles Dumais

Découvrez les Lauréats ICI

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Lundi 9 juin, l’Espace orange de l’édifice Wilder a été le théâtre d’une cérémonie annuelle précieuse : l’intronisation de dix figures majeures au sein de l’Ordre des arts et des lettres du Québec. Dans une mise en scène sobre mais chargée d’émotion, orchestrée avec doigté par l’animatrice Sophie Fouron, l’événement a su conjuguer gravité et chaleur, au diapason de l'engagement profond de ses récipiendaires.

Parmi les honorés, les univers se croisent : la poésie visuelle de Diane Landry, le groove infatigable de Lorraine Desmarais, la rigueur intellectuelle de Louis-Karl Picard-Sioui ou encore la fulgurance chorégraphique de Victor Quijada. Ensemble, ils forment un kaléidoscope d’expressions et de visions qui façonnent l’âme du Québec d’aujourd’hui.

Sophie Prégent, présidente du CALQ, a souligné avec justesse que cette distinction vient non seulement saluer des carrières remarquables, mais aussi affirmer une certaine idée du vivre-ensemble par l’art. Et dans une société aux contours en mutation, c’est peut-être là que réside la puissance de cette reconnaissance : ancrer la création dans l’espace public, la rendre indispensable.

Car plus qu’un hommage, cette cérémonie fut une déclaration : celle que la culture est un acte de foi envers l’avenir, et que chaque Compagnon ou Compagne en est un éclatant vecteur. Le Conseil des arts et des lettres du Québec, en partenariat avec la Caisse Desjardins de la Culture, réaffirme ainsi son rôle essentiel de passeur et de bâtisseur. Une société qui honore ses artistes est une société qui se connaît et qui se rêve.

Je vous invite à découvrir, plus bas, ces merveilleux ambassadeurs culturels du Québec.

LENA GHIO   

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Photos © LENA GHIO, 2025





Sunday, June 1, 2025

LUZIA • CIRQUE DU SOLEIL • Vieux Port de Montréal jusqu'au 24 août 2025

Dès les premières minutes, le spectacle impose sa cadence onirique : un cheval de métal poursuit une femme-papillon sur un tapis roulant.

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Quand le Cirque du Soleil dresse son grand chapiteau au bord du fleuve Saint-Laurent, c’est plus qu’un spectacle qui s’annonce : c’est un rituel saisonnier, une liturgie estivale. Cet été, c’est Luzia qui reprend vie au Vieux-Port de Montréal, et si l’économie a forcé la compagnie à repousser sa prochaine création originale à 2027, cette reprise n’a rien d’un compromis. Créé en 2016 par le metteur en scène suisse Daniele Finzi Pasca — poète du visuel et amoureux du Mexique — Luzia revient plus mûr, plus vibrant, et surtout plus bouleversant que jamais.


Dès les premières minutes, le spectacle impose sa cadence onirique : un cheval de métal poursuit une femme-papillon sur un tapis roulant. Non, ce n’est pas un rêve, mais bien le début d’un voyage sensoriel où mécanique, acrobatie et mythologie mexicaine se fondent en un seul souffle. Ce n’est pas un simple enchaînement de numéros : c’est une suite de tableaux vivants, un carnet de rêves éveillés, où chaque élément est chorégraphié avec une rigueur maniaque.


Le génie de Luzia ne réside pas seulement dans ses prouesses physiques — pourtant époustouflantes — mais dans sa capacité à convoquer l’émotion par l’image. On pense à cette roue Cyr glissant sur une scène mouillée par une pluie artificielle, dont les gouttelettes se métamorphosent en pixels aquatiques. À ce rideau d’eau sculpté en temps réel, répondent des marionnettes géantes, comme ce jaguar céleste qui survole un cénote où un acrobate suspendu défie la gravité.

La musique, elle aussi, est un personnage à part entière. Emmené par sept musiciens et la voix aérienne de Majo Cornejo, l’accompagnement sonore glisse entre électro-pop et folklore traditionnel, tissant un paysage auditif riche qui soutient l’univers luxuriant imaginé par Eugenio Caballero et ses collaborateurs. Les costumes de Giovanna Buzzi flirtent avec le surréalisme de Frida Kahlo, tandis que les éclairages de Martin Labrecque transforment la piste en désert, en cinéma noir ou en temple sacré.


Mais tout n’est pas parfait dans ce rêve éveillé. Si les transitions visuelles sont parfois trop longues, comblées par un clown dont l’humour hésite entre le burlesque et le superflu, ces rares faiblesses sont vite éclipsées par la grandeur de l’ensemble. Car Luzia, c’est avant tout une œuvre cohérente, où même l’absence de récit linéaire ne gêne jamais l’expérience. On se laisse porter, comme dans un rêve lucide, par un monde où les papillons monarques relient les continents et où le symbolisme mexicain, jamais caricatural, infuse chaque respiration du spectacle.

Avec Luzia, le Cirque du Soleil ne se contente pas d’impressionner : il transporte. Il nous parle du Mexique sans folklore vide, avec respect, subtilité et une inventivité scénographique rare. En ces temps troublés, cette fresque joyeusement mélancolique agit comme une offrande — un rappel que, parfois, l’émerveillement est un acte de résistance.

...jaguar céleste qui survole un cénote où un acrobate suspendu défie la gravité...
Un des artistes qui a ébloui la foule le plus est le contortioniste  Aleksei Goloborodko 


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 LENA GHIO   

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Photos © LENA GHIO, 2025

Les balançoires Russes, ce numéro est le clou de la soirée. Les acrobaties défient l'imaginaire! Voir l'historique ou Luzia