Sunday, June 1, 2025

LUZIA • CIRQUE DU SOLEIL • Vieux Port de Montréal jusqu'au 24 août 2025

Dès les premières minutes, le spectacle impose sa cadence onirique : un cheval de métal poursuit une femme-papillon sur un tapis roulant.

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Quand le Cirque du Soleil dresse son grand chapiteau au bord du fleuve Saint-Laurent, c’est plus qu’un spectacle qui s’annonce : c’est un rituel saisonnier, une liturgie estivale. Cet été, c’est Luzia qui reprend vie au Vieux-Port de Montréal, et si l’économie a forcé la compagnie à repousser sa prochaine création originale à 2027, cette reprise n’a rien d’un compromis. Créé en 2016 par le metteur en scène suisse Daniele Finzi Pasca — poète du visuel et amoureux du Mexique — Luzia revient plus mûr, plus vibrant, et surtout plus bouleversant que jamais.


Dès les premières minutes, le spectacle impose sa cadence onirique : un cheval de métal poursuit une femme-papillon sur un tapis roulant. Non, ce n’est pas un rêve, mais bien le début d’un voyage sensoriel où mécanique, acrobatie et mythologie mexicaine se fondent en un seul souffle. Ce n’est pas un simple enchaînement de numéros : c’est une suite de tableaux vivants, un carnet de rêves éveillés, où chaque élément est chorégraphié avec une rigueur maniaque.


Le génie de Luzia ne réside pas seulement dans ses prouesses physiques — pourtant époustouflantes — mais dans sa capacité à convoquer l’émotion par l’image. On pense à cette roue Cyr glissant sur une scène mouillée par une pluie artificielle, dont les gouttelettes se métamorphosent en pixels aquatiques. À ce rideau d’eau sculpté en temps réel, répondent des marionnettes géantes, comme ce jaguar céleste qui survole un cénote où un acrobate suspendu défie la gravité.

La musique, elle aussi, est un personnage à part entière. Emmené par sept musiciens et la voix aérienne de Majo Cornejo, l’accompagnement sonore glisse entre électro-pop et folklore traditionnel, tissant un paysage auditif riche qui soutient l’univers luxuriant imaginé par Eugenio Caballero et ses collaborateurs. Les costumes de Giovanna Buzzi flirtent avec le surréalisme de Frida Kahlo, tandis que les éclairages de Martin Labrecque transforment la piste en désert, en cinéma noir ou en temple sacré.


Mais tout n’est pas parfait dans ce rêve éveillé. Si les transitions visuelles sont parfois trop longues, comblées par un clown dont l’humour hésite entre le burlesque et le superflu, ces rares faiblesses sont vite éclipsées par la grandeur de l’ensemble. Car Luzia, c’est avant tout une œuvre cohérente, où même l’absence de récit linéaire ne gêne jamais l’expérience. On se laisse porter, comme dans un rêve lucide, par un monde où les papillons monarques relient les continents et où le symbolisme mexicain, jamais caricatural, infuse chaque respiration du spectacle.

Avec Luzia, le Cirque du Soleil ne se contente pas d’impressionner : il transporte. Il nous parle du Mexique sans folklore vide, avec respect, subtilité et une inventivité scénographique rare. En ces temps troublés, cette fresque joyeusement mélancolique agit comme une offrande — un rappel que, parfois, l’émerveillement est un acte de résistance.

...jaguar céleste qui survole un cénote où un acrobate suspendu défie la gravité...
Un des artistes qui a ébloui la foule le plus est le contortioniste  Aleksei Goloborodko 


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 LENA GHIO   

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Photos © LENA GHIO, 2025

Les balançoires Russes, ce numéro est le clou de la soirée. Les acrobaties défient l'imaginaire! Voir l'historique ou Luzia

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