Friday, November 21, 2025

CIEL VARIABLE automne 2025

CIEL VARIABLE automne 2025
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Ciel variable – Automne 2025

Plantes et jardins : explorer le vivant pour sonder nos inquiétudes

Pour son édition d’automne 2025, Ciel variable consacre son dossier thématique à un sujet aussi intime qu’universel : la relation entre l’humain et le monde végétal. Sous le titre Plantes et jardins, la revue propose un parcours sensible à travers les œuvres de trois artistes — Sara Angelucci, Sara A. Tremblay et Frédéric Lavoie — dont les démarches photographiques renouvellent notre manière de regarder fleurs, plantes, insectes, écosystèmes et microcosmes. Derrière la beauté formelle, une question revient avec insistance : qu’avons-nous fait au vivant, et comment renouer avec lui ?

L’éditorial, À l’écoute du vivant, plante le décor d’un numéro qui refuse la distance froide au profit d’une attention patiente, presque méditative. Il rappelle que les jardins — qu’ils soient réels ou métaphoriques — sont des espaces où se rejoue notre rapport à l’environnement, entre fascination, inquiétude et désir de réparation.

Trois portfolios, trois façons d’habiter le végétal

Dans Nocturnal Botanical, Sara Angelucci plonge le lecteur dans une obscurité vibrante où les feuillages éclatent comme des lueurs. Ses images, réalisées à hauteur de plante, évoquent moins un herbier qu’une immersion sensorielle. Après une période marquée par le deuil, l’artiste retrouve dans le jardin nocturne une manière de renouer avec la vitalité du monde. Le végétal devient lieu de résistance émotionnelle autant que d’observation attentive.

Avec Poids, plumes, Sara A. Tremblay propose un ensemble composite, véritable mosaïque d’images et d’objets glanés. Fleurs, rituels de jardin, saisons qui passent, gestes performatifs : son travail compose un récit intime où l’autobiographie se mêle à l’exploration matérielle. La nature y apparaît comme le miroir d’un cycle personnel : questionnement, flottement, crise, puis métamorphose.

Enfin, De visu de Frédéric Lavoie adopte une posture quasi naturaliste. L’artiste inventorie, classe, observe avec minutie. Ses séries oscillent entre projection immersive — où la lenteur de l’observation devient expérience — et carnets de notes visuels rassemblant une multitude d’espèces. Ici, le jardin s’ouvre sur un écosystème mouvant, riche de présences parfois minuscules.

Focus : IA, empreintes lumineuses et géographies photographiques

Dans la section Focus, la revue élargit son champ d’exploration. Jessica Ragazzini s’interroge sur le monde selon l’IA, tandis que Pierre Dessureault examine les empreintes lumineuses de Marie-Jeanne Musiol, dont les images révèlent la charge énergétique du vivant. Une incursion en Pologne, signée Amélie Laurence Fortin, propose un portrait de la photographie contemporaine polonaise, entre expérimentation et engagement.

Expositions et lectures : une actualité foisonnante

La section Expositions réunit une douzaine d’essais critiques couvrant un large panorama : les univers singuliers de Lorna Bauer, Sébastien Cliche, Thomas Kneubühler, Leyla Majeri, Léna Mill-Reuillard, Laure Prouvost ou Jeff Thomas, sans oublier l’exposition collective 1985. Mondes-images. Chacun de ces textes dessine une manière différente d’interroger les images, leurs récits et leurs fissures.

Du côté des Lectures, la revue s’attarde sur les publications récentes de Bertrand Carrière, Guy Delisle et Serge Tisseron, offrant une réflexion sur la mémoire, la narration et la représentation de soi.

Paroles : vingt ans d’images en archive

Le numéro se clôt sur une entrevue avec Jeff Khonsary, qui revient sur Fillip et son vaste Image Index couvrant deux décennies de pratiques éditoriales. Entre mémoire visuelle et mise en commun des savoirs, cette conversation résonne avec le thème général : comprendre le monde par la lente accumulation d’images et d’expériences.

Bonne Lecture!

LENA GHIO   


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